JUILLET 1962 le CRIMINEL abandon de l’Algérie-française
Posté par lesamisdegg le 11 septembre 2017
- colons d’Algérie-françaiser 07 1956
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Posté par lesamisdegg le 11 septembre 2017
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Posté par lesamisdegg le 28 mai 2017
LA DERNIĖRE COMMUNION
Qu’elle était radieuse l’aurore de ce dernier dimanche de Mai 1962 à Oran !… Le ciel était tout blanc, d’une blancheur de gaze, où scintillaient des gouttelettes nacrées, pluie d’atomes lumineux dont la chute emplissait l’éther d’une immense vibration qu’on aurait dit minuscule. Tel une plume blanche, un nuage solitaire se courbait au-dessus de la ville, cette ville, hier si gaie, si propre, si belle qui, aujourd’hui, avait le visage gris des malades incurables, des cancéreux à quelques jours de leur mort.
Avec le mois de Mai étaient revenus les cortèges immaculés des premiers communiants, et dans cette époque de violence et de haine, il n’y avait rien de plus émouvant que ces enfants graves et recueillis, rayonnants de foi et vêtus de la blancheur des lys.
Parmi eux, se trouvait Sophie Dubiton, amputée d’une jambe et qu’on portait dans le cortège des communiantes. Elle avait été l’une des premières victimes du « boucher d’Oran », le général Katz, commandant le secteur autonome d’Oran qui avait donné la consigne à ses troupes essentiellement constituées de « gens sûrs », en l’occurrence de gendarmes mobiles, « de tirer à vue sur tout européen qui aurait l’audace de paraître sur une terrasse ou un balcon lors d’un bouclage ».
Les premières victimes du « boucher d’Oran » furent deux adolescentes de 14 et 16 ans : Mlles Dominiguetti et Monique Echtiron qui étendaient du linge sur leur balcon. Elles furent tuées par les gendarmes. Les projectiles d’une mitrailleuse lourde de 12/7 traversèrent la façade et fauchèrent dans leur appartement, Mme Amoignan née Dubiton, dont le père était déjà tombé sous les balles d’un terroriste du FLN, ainsi que sa petite fille, Sophie, âgée de deux ans et demi et sa sœur, Frédérique, âgée de treize ans qui, atteinte à la jambe, eut le nerf sciatique arraché et dut être amputée.
Pourquoi lui refuser, malgré l’atrocité de la situation, le droit à la robe blanche et à la douceur de la cérémonie ? Elle n’aurait pas compris, elle, petite victime innocente, quelle nouvelle punition on lui imposait après tant de souffrances imméritées. Alors, toute parée, superbe dans ces blancheurs d’étoffe qui l’entouraient comme d’un rayonnement de candeur, Frédérique, se sentait enveloppée d’amour, réchauffée par les sourires lumineux de ses voisins et amis qui lui témoignaient leur tendresse et l’astre radieux, semblait une pluie d’or qui ruisselait de ses mains fines.
Et cette vision insolite de ces enfants encadrés de C.R.S !… parce que leur quartier étant bouclé par suite d’une perquisition générale, on n’avait pas le droit d’en sortir, sinon avec ces charmants messieurs. C’était grotesque et digne d’Ubu Roi ! Ces petites filles parées de blanc, se rendant vers l’aumônerie du lycée, ridiculisaient par leur innocence la faconde de ces matamores qui les accompagnaient d’un air soupçonneux. Pensez donc, si elles allaient emporter sous leurs voiles les tracts et les armes de l’OAS ! On massa les enfants, place de la Bastille, avec les mitrailleuses braquées sur eux. Et le chanoine, sur le devant de son église, bénit les communiants en disant :
« Aujourd’hui, pour venir ici vous avez dû franchir les armées ; vous avez franchi les armées de Satan ! Ne l’oubliez jamais ! Que cela vous reste comme le symbole, l’exemple de ce que vous devrez toujours être prêts à faire : franchir les armées du démon pour venir à la maison de Dieu. »
Après cette déclaration, le chanoine fut arrêté…
José CASTAÑO
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Posté par mdame le 6 mai 2017
Le 7 mai au soir, inquiété par certains renseignements, le général Henry Martin, commandant le 19° corps et la X° région militaire à Alger, avait prescrit à ses trois divisions territoriales Alger, Oran et Constantine, de constituer des piquets en armes. En conséquence, le 8 mai à 5 heures , le colonel Bourdila commandant la subdivision de Sétif qui dispose de la valeur d’un bataillon fait rassembler dans la cour de la caserne deux compagnies, faisceaux formés, avec ordre au chef de détachement d’ « éviter à tout prix, s’il doit intervenir, de faire usage des armes, sauf le cas de légitime défense ».
Le 8 mai 1945 , à Sétif ,c’est jour de marché. De nombreux indigènes venus des douars voisins emplissent les rues. Vers 7 heures, un rassemblement se forme devant la mosquée. La troupe scout musulmane Kechafat el-Hyat est autorisée à défiler pour se rendre au monument aux morts.
Vers 8h30, elle se met en marche, suivi par un cortège de 7 000 à 8 000 personnes. En tête, trois hommes portent un drapeau français et deux drapeaux aux couleurs du prophète. Derrière eux apparaissent des pancartes sur lesquelles on lit : Libérez Messali ! Nous voulons être vos égaux ! Vive l’Algérie indépendante !
Vers 9 heures, le cortège arrive rue de Constantine où il se heurte à un barrage de police. Le commissaire central somme les manifestants de faire disparaitre les pancartes séditieuses. Sur leur refus, la police essaye de s’en emparer. C’est le signal de la bagarre. Des coups de feu éclatent. Le cortège se disperse et les manifestants se répandent dans la ville assaillant à coups de pistolet, de couteau, ou de bâton, les européens rencontrés dans les rues ou assis à la terrasse des cafés. On entend les cris de N’Katlou ennessara ! (Tuons les européens !). Les femmes poussent de stridents you-you. Rue Sillègue, M. Deluca président de la délégation spéciale s’efforce de calmer les excités. Il est abattu. D’autres meurtres sont commis.
A 9 heures, un agent de police arrive en courant à la subdivision, et se précipite vers le colonel : « Mon colonel, on tire du côté de l’Hôtel de France ! ».Aussitôt, l’ordre est donné au commandant Rouire de se porter avec le détachement dans le centre de la ville. La troupe s’y rend au pas cadencé. Le chef de bataillon s’avance avec un clairon au-devant des manifestants et ses sommations, sans aucun coup de feu, aident la police à dégager le centre de la ville.
A 11 heures, le commandant Rouire reçoit l’ordre de se porter avec une compagnie au marché arabe où, comme nous l’avons vu, plusieurs milliers d’indigènes sont aux prises avec la police. Là, sa troupe repousse les manifestants à coups de crosse, sans tirer, malgré la découverte exaspérante de cinq cadavres d’européens affreusement mutilés.
Quand vers, midi l’ordre est rétabli, on relève dans les rues vingt et un cadavres d’européens. D’après le procès verbal détaillé, on voit que treize de ces cadavres ont le crâne complètement enfoncé, un est éventré et un autre émasculé.
Dans l’après midi, les troubles s’étendent au nord de Sétif.
A El ouricia, à 12 kilomètres, l’abbé Navarro est abattu.
Aux Amouchas à 10 kilomètres plus au nord les maisons européennes sont pillées mais leurs habitants ont pu fuir.
A Périgotville, les insurgés pénètrent dans le bordj et s’emparent de 45 fusils Lebel, et de 10 000 cartouches puis ils attaquent les européens et pillent leurs maisons. Au soir, quand le village sera dégagé, on relèvera 12 cadavres sauvagement mutilés.
A Sillègue, le garde champêtre M. Mutschler est tué ainsi que sa femme et le cantonnier. Les maisons européennes sont pillées puis incendiées.
A La Fayette, de gros rassemblements d’indigènes se forment mais sur l’intervention de l’administrateur, aidé par des notables musulmans, les attroupements se dispersent.
Il n’en est pas de même malheureusement à Chevreul, à 60 kilomètres au Nord de Sétif. A 2 heures du matin, le village est pillé et incendié. La plus part des européens s’étaient réfugiés à la gendarmerie, mais ceux qui ne l’avaient pas pu sont massacrés et mutilés. Le lendemain quand les secours arriveront, on trouvera 5 cadavres dont ceux de trois hommes émasculés. Le garde forestier Devèze et les agents des Ponts et Chaussées Coste et Bovo et ceux de deux femmes : Madame Devèze et Madame Bovo, celle-ci est mutilée des deux seins. En outre quatre femmes ont été violées dont Mme Ruben, âgée de 84 ans, madame Grousset et sa fille Aline âgée de 15 ans.
Dans l’après midi du 8 mai, autour de la place du marché ou les associations patriotiques se sont réunies pour célébrer l’armistice, de nombreux indigènes se massent portant des pancartes et l’étendard du prophète. Quand le cortège arrive devant le monument aux morts, les manifestants se mettent à scander : libérez Messali !, tapant des mains en cadence et levant l’index vers le ciel.L’intervention de la police déclenche une bagarre à laquelle met fin l’arrivée d’un renfort de policiers.Bilan 46 blessés chez les agents et les civils européens, un tué et 30 blessés chez les manifestants.
A 10 heures, la division de Constantine a reçu ce message de Sétif : « Emeutes ont éclaté. Morts et blessés dans la population européenne. Situation semble très grave. » Un second message dit : « Rassemblement inquiétants à Oued-Zenati » Le général Duval dirige alors de Philippeville sur Sétif un peloton de 5 half-tracks de la garde mobile et une compagnie du 15° sénégalais en camions. Le peloton de la garde arrive à Sétif à 15H30. On lit dans le journal de marche de l’unité : « De Sétif, le half-track du capitaine Mazucca repart immédiatement pour dégager Périgotville, qui est encerclée. Aux abords de ce village, le half-track est stoppé par un barrage de pierres et pris sous des feux assez nourris. Les balles s’écrasent contre le blindage. Il riposte à la mitrailleuse et fait sauter le barrage. Son arrivée dans Périgotville coupe court aux massacres. Une douzaine de cadavres sont relevés, sauvagement mutilés. Les faces sont en bouillie. De larges flaques de sang s’étalent sur le seuil des maisons aux portes ouvertes. Poursuivis par le feu des mitrailleuses, les assaillants se retirent dans le djebel. »
Pour ce premier jour on dénombrera au total dans la subdivision de Sétif : 84 tués dont 13 femmes.
En somme, le 8 mai 1945 un foyer insurrectionnel a éclaté à Sétif, fief de Ferhat Abbas et de ses « Amis du Manifeste » et a gagné les environs. Il s’agit maintenant d’éteindre cet incendie avant qu’il se propage dans toute l’Algérie. Le 8 mai 1945, les unités de campagne de la division de Constantine sont en Allemagne. Pour maintenir ou rétablir l’ordre dans cette immense région sous-administrée qui comporte des massifs comme ceux de l’Atlas tellien, de l’Aurès et des Babors, difficilement pénétrables, le général Duval ne dispose que d’un effectif total de 9 000 hommes en grande partie composé de dépôts et unités de garde, inemployables en opérations. En fait, il n’a, comme éléments mobiles, que le 15° régiment de tirailleurs sénégalais, un bataillon de marche du 3° zouaves, le 9° spahis, privé des deux escadrons détachés en Tunisie, un escadron motorisé de la garde, un peloton motorisé de légion, un goum marocain et un groupe d’artillerie. La gendarmerie n’a que 523 gendarmes présents disséminés sur tout le territoire en 74 brigades. Il est évident que, pour arrêter le massacre avec si peu de moyens et avant l’arrivée d’importants renforts d’Algérie et du Maroc, il fallait agir vite et fort. C’est ce que le général Duval exposera au ministre, par lettre du 26 mars 1946, en réponse aux accusations de Ben Djelloul : « J’ai hautement conscience, non pas d’avoir dirigé des opérations de répressions, mot qui choque mon sentiment de soldat et de français, mais d’avoir rétabli la sécurité en limitant, dans la mesure du possible, l’emploi de la force… Si le mouvement insurrectionnel n’avait pas été étouffé à ses débuts, l’incendie aurait embrasé tout le constantinois, puis l’ensemble de l’Algérie. Il me souvient non sans émotion de la période critique, qui dura jusqu’au 18 mai, où l’on sentait les masses indigènes des campagnes en transes et poussées à la guerre sainte, guettant la proie facile des villages et des fermes isolées, prêtes à se lancer au pillage au premier succès d’émeute. »
Le 9 mai, un nouveau foyer s’allume autour de Guelma ; Croyant la ville aux mains des insurgés, de nombreux groupes de musulmans armés descendent de leur montagne sur Guelma mais ils se heurtent au bataillon d’instruction du 7° tirailleurs et aux civils français que l’énergique sous-préfet Achiary a fait armer conformément au « Plan de défense des centres de colonisation ». Cependant les abords et les communications ne seront dégagés qu’à partir du lendemain avec l’aide du groupe mobile motorisé de Combourieu envoyé d’urgence de Tunisie.
Quant à la compagnie sénégalaise, retardée par des pannes, elle n’arrive à Sétif qu’à 22 heures.Une partie est aussitôt envoyée sur Sillègue, qu’elle trouve en flammes à 2 heures , le 9 mai . L’autre partie, comprenant deux sections sous les ordres du lieutenant Bentegeat , est dirigée sur Aïn-Abessa, à 18 km au nord de Sétif. Quand elle y parvient, vers 1 heure, la situation est la suivante : depuis la veille au soir, le bordj où la population européenne s’est réfugiée et dont la défense a été organisée par le chef de brigade de gendarmerie, est assiégée par un millier d’indigènes conduits par Debache Seghir, membre influent des « Amis du Manifeste ». Ils arrosent le bâtiment de rafales de mitraillette et de coups de fusil. A l’arrivée du lieutenant et de sa petite troupe, les assaillants se retirent. Une patrouille envoyée dans le village délivre la famille Heyberger, également assiégée dans sa maison. La patrouille arrête plusieurs des assiégeants, pris les armes à la main, dont le secrétaire général des « Amis du Manifeste ». En fouillant le village, on découvre le cadavre de M. Fabre, tué à coups de pistolet et de gourdin.
Autre sauvetage de justesse celui de Chevreul. Nous avons vu que, le 8 mai, les habitants européens, qui avaient échappé au premier massacre, s’étaient réfugiés à la gendarmerie, où se trouvaient en dépôt les armes du centre de colonisation. Les deux gendarmes du poste les avaient distribuées aux hommes. La gendarmerie fut investie et le siège commença. Pendant toute la journée du 9, les insurgés, postés aux alentours, tirèrent sur les fenêtres. Ils coupèrent la conduite d’eau, privant les assiégés d’eau potable. Dans la soirée du 9, ils parvinrent à s’emparer du rez-de-chaussée. La défense se concentra alors au premier étage. Ce n’est que le 10 au matin qu’arrive devant Chevreul le détachement du commandant Rouire (une section de half1racks et une compagnie de zouaves). Le commandant envoie une section à l’est du village et une autre à l’ouest pour le cerner. La section de l’est met en fuite les rebelles et capture des bourricots chargés de tapis et autre butin, que les pillards abandonnent.» J’entre moi-même dans le village avec les half-tracks, relate le commandant, et je marche sur la gendarmerie. A notre arrivée, la joie et l’émotion sont intenses. Les habitants, hommes et femmes, sont émus jusqu’aux larmes d’avoir été sauvés in extremis, car les rebelles avaient déjà répandu de l’essence au rez-de-chaussée. »
Dans les départements d’Alger et d’Oran l’ordre n’est pas troublé.
Colonel Adolphe GOUTARD
NB : Certes, la répression a été dure, mais les moyens dont disposait celui qui était chargé d’arrêter les meurtres d’Européens et les actes de sauvagerie qui les accompagnaient et de rétablir l’ordre et la sécurité dans un immense pays, étaient extrêmement réduits. Mais ces événements allaient servir à la propagande des excitateurs des foules musulmanes. » Lancé par la radio du Caire, le mythe de la » répression massive ayant fait des dizaines de milliers de victimes innocentes » fut sans cesse repris, par la suite, au point de convaincre le monde de son effroyable réalité. A la fin des troubles, si ceux-ci s’étaient clos par un véritable massacre de musulmans, on n’aurait pas vu chose tout à fait exceptionnelle -le cadi de Constantine venir inviter le général Duval, de même que le général Henry Martin, de passage, assister à la cérémonie organisée à la mosquée pour remercier le » Tout-Puissant d’avoir rétabli la paix « Et la cérémonie se déroula sans incident, dans le plus grand recueillement.
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Posté par lesamisdegg le 26 avril 2017
L’héroïque madame Goublet
En 1901, il y eut en Algérie, dans la province d’Alger, une révolte des indigènes, qui atteignit de graves proportions au village de Margueritte. Mme Goublet, l’institutrice, réussit, par son courage et son sang-froid, à préserver de toute atteinte les enfants et les femmes qui étaient accourus chercher un refuge dans l’école.
Il était une heure. La cloche de l’école venait de sonner la rentrée, quand un cri retentit : « Les Arabes se révoltent ! »
Aussitôt l’institutrice ordonna à ses élèves de regagner leurs places et, s’asseyant elle-même à son bureau comme d’habitude, elle leur dit « Soyez tranquilles ! Avec moi, vous n’avez rien à craindre. » Il y avait là soixante enfants, dont trente fillettes de dix à quatorze ans, exposés aux pires dangers.
On entendait à quelques pas les vociférations des forcenés qui, en quelques minutes, avaient déjà commis plusieurs assassinats et qui saccageaient et pillaient. Les détonations des armes, le tumulte de la rue, le fracas des portes, des volets, des meubles brisés dans les habitations assaillies, achevaient de produire l’épouvante et l’effroi. Dans la classe, pas un mouvement, aucune parole ; tous les regards étaient dirigés vers la maitresse, qui demeurait calme, s’efforçant d’inspirer aux autres une confiance qu’elle n’avait pas.
Le logement de l’institutrice a subi deux attaques. Les portes gardent l’empreinte d’une balle, les marques des pesées exercées au moyen d’une barre à mine. Les Arabes, tout d’abord, s’emparèrent du cheval de M. Goublet et forcèrent celui-ci à les suivre.
Vers deux heures, un des révoltés qui tenait une auberge indigène à Margueritte, pénétra dans la classe, brandissant au-dessus de sa tête la hache qui lui avait servi à forcer la porte. A cette vue, les femmes et les enfants poussèrent un cri, un seul, formidable et terrible. Mme Goublet leur imposa silence : « Que veux-tu ? dit-elle au chenapan. Le fusil de ton mari. Tu l’auras » .Et le prenant par le bras, elle l’entraina dans ses appartements. L’Arabe, muni de l’arme, traversa de nouveau la salle et, devant tous, l’institutrice lui fit promettre de respecter l’école.
Une heure plus tard, il y eut encore dans la classe un moment de véritable terreur. Des rebelles à cheval et armés jusqu’aux dents se plantèrent devant l’école et, du haut de leurs selles, par les fenêtres, essayèrent de voir dans l’intérieur. Qu’allaient-ils faire ? Il fallait mettre fin à ce supplice, Mme Goublet sort, va droit aux cavaliers : « Que voulez-vous ? De l’argent ? Vous savez bien que je suis pauvre. Tiens, toi, Moktar, voilà un sou, va prendre une tasse au café maure » .Les brigands déconcertés, s’éloignèrent en riant
Ce ne fut que vers cinq heures que les malheureux que l’école abritait, entendant la fusillade et voyant les révoltés fuir au triple galop de leurs montures, comprirent que les troupes étaient arrivées et qu’ils étaient enfin sauvés. Les parents vinrent à la hâte chercher leurs enfants et pleurèrent de joie en les retrouvant sains et saufs.
Le Vétéran 03 1912
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Posté par lesamisdegg le 10 avril 2017
La bataille d’Alger a opposé, en 1957 à Alger la 10e D.P.aux terroristes fells .
À la suite des nombreux attentats perpétrés contre la population par les fells, le pouvoir civil délègue alors tous pouvoirs au général Massu pour démanteler l’organisation terroriste et ainsi mettre fin aux attentats, de janvier à octobre 1957.
Le 8 janvier 1957, Massu entre dans la ville avec10 000 paras et proclame la loi martiale. Les fells répliquent par des attentats et une grève générale qui débute le 28 janvier. En réaction, l’armée divise la ville en secteurs et ceinture les quartiers musulmans. Elle procède à des arrestations massives pour obtenir des informations. Cette stratégie permet de démanteler l’organigramme de la Zone autonome d’Alger forçant ses dirigeants à quitter Alger et l’arrestation de ses membres clés, Larbi Ben M’hidi, Yacef Saadi et l’élimination d’Ali la Pointe.
La bataille est remportée par l’Armée française qui a éradiqué les attentats et la guérilla urbaine , l’ordre est rétabli. Les Français d’Algérie qui ont subi durant trois mois les attentats terroristes des fells n’oublient pas le général Massu qui a gagné la « bataille d’Alger », et le soutiendront en mai 1958, lorsqu’il crée le Comité de Salut Public, puis une seconde fois lorsque, après avoir critiqué la politique algérienne du de Gaulle, il est muté en métropole, ce qui provoque la semaine des barricades.
Miss Wiky
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Posté par mdame le 11 juillet 2009
Ce 26 mars 1962 , vers 10 heures , dans toute la ville circule rapidement un mot d’ordre de grève générale à partir de 14 heures et de manifestation à partir de 15 heures. Des tracts sont bientôt répandus invitant la population à se rassembler à 15 heures au Plateau des Glières (Place de la Grande Poste) pour défiler vers Bab-El-Oued , sans aucune arme et en silence. Le but est de montrer que toute la ville est solidaire de Bab-el-Oued.
A ce moment, ce quartier est isolé depuis 3 jours, ravitaillement en pain assuré par l’Armée de 6 heures à 8 heures le matin, aux femmes seulement – Les vivres collectés en ville Samedi et Dimanche ont été pris par les Forces de l’Ordre » et ne sont pas parvenus à la population – Aucun enlèvement des morts ni des blessés – L’évacuation des enfants de moins de 10 ans est interdite, car des familles d’autres quartiers avaient demandé à en héberger – Les hommes de 14 à 70 ans emmenés de chez eux sans aucun bagage pour être triés au Camp du Lido et au stade de Saint-Eugène : 3 000 sont alors en cours de tri, parqués sans nourriture ni abri, battus . Après vérification de leur identité, ils sont relâchés, mais en ville et ne peuvent regagner Bab-el-Oued qui est bouclé . Sous prétexte de fouille, les gendarmes cassent, pillent appartements et magasins. Ils tirent au canon de 37 et à la mitrailleuse de 12,7 sur tout ce qui bouge ou fait du bruit . Les volets sont clos en permanence.
A partir de 14 heures, la foule afflue vers la Place de la Poste, un piétinement régulier, sans précipitation, sans un cri . La place est encerclée par l’Armée, des barrages coupent les rues, constitués pour la plupart de camions joints – Les Facultés sont occupées militairement. Les groupes parviennent à la Poste malgré les barrages, en contournant les infranchissables . Rue Michelet un cordon de soldats laisse passer un filet, mais Boulevard Baudin, les CRS ne se laissent pas franchir et les gens des quartiers Est (Belcourt) sont obligés de faire le tour par le haut de la ville ou les quais. Les voies sont toutes barrées, mais la dernière moins fortement, c’est elle qu’empruntera le cortège.
Partout les soldats sont en tenue de combat, casque lourd, mitraillette et FM avec chargeur engagé, le visage dur.
« Depuis le matin, les terrasses des immeubles bordant la Place de la Poste sont occupées par l’Armée ; sur certaines des mitrailleuses de 12,7 sont en position – A partir de 14 h 30, les soldats envahissent les appartements de ces immeubles et se postent aux balcons »-Journalistes Suisse et Américain-
Vers 14 h,30, la foule (10 – 15.000 personnes) se met en marche vers Bab-el-Oued par la rue d’Isly, derrière un drapeau français tenu par un ancien combattant arabe, entouré de jeunes arabes – La foule est serrée, silencieuse, marchant lentement . Des jeunes commencent à scander des slogans, mais leurs voisins les font taire : il faut une manifestation de masse, digne, calme, résolue . Des femmes, nombreuses, des enfants, des vieillards , mains vides, de vieilles personnes s’appuient sur des cannes.
« Le cordon de soldats placé à l’entrée de la rue d’Isly laisse passer le cortège et se place le long des Magasins au début de la rue, entre Cook et Havas : une dizaine d’homme dont 2/3 musulmans » (voisin de lit à l’hôpital).
Le cortège progresse rue d’Isly et passe un 2ème cordon de soldats, placé à environ 50 mètres du 1er. Mais là « un Lieutenant nous adjure de rentrer chez nous, les larmes aux yeux – lorsque nous lui disons que nous sommes Français, n’avons pas d’armes et manifestons calmement notre solidarité pour Bab-il-oued, il répond que ses hommes ont reçu l’ordre de tirer » – (une cousine – 50 ans).
« Le cortège passe pendant 10 – 15 minutes, mais tout à coup les soldats reforment le barrage, en tronçonnant le défilé ; pointant leur mitraillette sur le ventre des manifestants, ils les empêchent d’avancer – il est 14 h30″ (voisin de lit).
14 h.50 : c’est l’ouverture du feu, par des rafales de mitraillette, sans qu’il y ait eu, au préalable, un cri, un coup de feu, une sommation , tir à bout portant.
« Les première rafales sont tirées du carrefour Bd Pasteur – rue d’Isly par des soldats postés devant Havas (appartenant au 1er cordon) et en face (appartenant au 2ème cordon) Le tir arrose la foule rue d’Isly et vers la Grande Poste ». (Journaliste américain).
Les manifestants tombent, se couchent ou courent pour se protéger. « Ceux qui refluent rue Chanzy sont pris sous le feu de soldats placés Bd Bugeaud et tirant vers la rue d’Isly » (journaliste Américain).
Beaucoup se plaquent sur le trottoir de la rue d’Isly opposé au Bd Pasteur, les plus heureux plongeant dans les couloirs d’immeubles – La rue d’Isly étant bordée de magasins, les vitrines sont cassées et on verra à l’hôpital « de nombreux blessés par verre, tendons sectionnés » (Infirmière du Sce de l’Hôpital).
D’autres (comme moi), refluent vers la Grande Poste en courant : ils sont fauchés par le feu ouvert par le barrage placé Bd Bugeaud (PM et surtout FM) . (Je suis touché à la base de l’épaule gauche par une balle entrée de 3/4 arrière et ressortie devant sous salière gauche)
Du coup, plus personne ne court, tout le monde est à terre – Le tir est général, au PM , au FM , provenant des soldats placés rue d’Isly et Bd Bugeaud. « A cette heure, le service d’ordre tire aussi du Bd Bugeaud vers la rue Alfred Lelluch (parallèle en contrebas), Place de l’Opéra (Ouest de la Poste 800 mètres à vol d’oiseau), aux Facultés vers la rue Michelet (Est 400 mètres), au Carrefour de l’Agha, (Est 500 mètres), au Champ de Manoeuvres .(Est 3 kms), sans tuer trop de monde car il n’y avait pas de manifestants à ces endroits … » (des riverains, venus rendre visite aux 3 blessés que nous étions dans la chambre d’Hôpital).
Sur la « placette de l’horloge », chaque vivant se fait le plus petit possible, car les tirs continuent sur les gens couchés. A ma place, couché sur le trottoir de la Grande Poste, les pieds tournés vers le Bd Bugeaud, je suis un peu surélevé, rien ne me protège, mais je puis observer toute la placette, de Cook au Carrefour Pasteur -Isly. J’entends dans mon dos les départs de PM, du barrage Bugeaud, qui tire sans arrêt – La placette est jonchée de corps, certains entassés dans les caniveaux – A ma gauche, assis dans l’encoignure de la porte de l’ancien local des Chèques Postaux, un vieux monsieur blessé légèrement se blottit et attend – à gauche devant, git un homme, baignant dans une mare de sang, la mâchoire inférieure arrachée, mort – A droite, dans le caniveau, un homme de 50 ans est couché, le visage tourné vers moi, les yeux fermés, paisible : il a la tempe gauche traversée, sa femme crie « mon mari est mort, mon mari est mort ! « elle est couchée à côté de lui et l’entoure de son bras, elle veut se lever pour chercher du secours, mais je l’exhorte à ne pas bouger – En effet, des bras ensanglantés se lèvent, des gens hurlent de cesser le feu « nous sommes Français comme vous, arrêtez ! », des blessés tentent de se soulever : tout début de mouvement déclenche immédiatement des rafales – A l m.50 de moi, sur ma gauche, le mur de la Grande Poste est criblé de balles à moins de 40 cms du sol. Je suis dans une position parallèle à ce mur, les balles me frôlent, souvent après avoir ricoché sur le trottoir, qui est tout écaillé (l’une m’atteint au sommet du crâne et m’entaille le cuir chevelu jusqu’à l’os).
Mon voisin de lit, qui se trouvait alors couché 7 , 8 m. devant moi (dans le même sens que moi), est atteint au pied par une balle de FM , qui après avoir ricoché, pénètre entre 2 orteils et va se loger près de la cheville – Ses voisins droite et gauche avec qui il s’entretenait, sont tués presqu’en meme temps, l’un d’une balle dans l’arrière de la tête, l’autre d’une balle dans le dos.
De ma place, je vois les militaires postés entre Cook et Havas arroser les gisants au PM et au FM : ils vident chargeur sur chargeur, ce sont des musulmans. L’un nous fait signe de nous lever, en nous gueulant des injures et en faisant des gestes obscènes – Au carrefour Pasteur-Isly, un gradé (quelque chose brille sur ses épaulettes), se dandine d’un trottoir à l’autre du Bd. Pasteur, la mitraillette en sautoir, les mains dans les poches.
Le rafales continuent de partout : il y a au moins 10 minutes que le feu a été ouvert. Dans le lointain j’entends une corne de pompiers, c’est une camionnette qui s’arrête 10 m devant moi : je fonce.
Divers témoignages .
- d’un lieutenant de tirailleurs à un collègue : vers 14 h-30 sont arrivés en camion des musulmans nouvellement incorporés qui obéissaient manifestement à des consignes préalables que nous ignorions : ils constituaient les cordons 1 et 2, rue d’ Isly (Ce sont eux qui ont ouvert le feu).
- d’un Journaliste américain : Les cordons 1 et 2 étaient formés de soldats FLN de la Willaya 3 incorporés depuis quelques heures (Dans le cadre de la force locale).
- d’un Visiteur : le feu a cessé lorsque le Lieutenant commandant le détachement qui l’ordonnait depuis 10 minutes en vain, a abattu un des tireurs musulmans, Il a été tué lui-même par un voisin du premier.
- d’un Journaliste suisse : des femmes et des enfants ont été achevés dans les couloirs.
- d’un témoin logeant dans un immeuble surplombant : un officier passait parmi les corps et achevait les blessés au pistolet.
- d’un Journaliste Américain : sur les terrasses occupées militairement, on a retrouvé des étais de balles, d’armes individuelles et collectives – d’autre part, les carreaux des terrasses ont éclaté par des balles tirées des hélicoptères.
- d’un Chirurgien de l’hôpital « ont été tués en portant secours à des blessés : le Docteur Massonat , 2 pompiers . Une ambulance de l’hôpital a été criblée de balles, son chauffeur est arrivé tout ensanglanté… pour être hospitalisé d’urgence.
- d’un Docteur : aucune arme n’a été trouvée sur les gens ramassés, morts ou blessés.
Le quartier n’a pas été fouillé, comme il n’eut pas manqué de l’être si le feu avait été ouvert par des tireurs de l’OAS. D’ailleurs les tireurs (que je voyais bien, ne se protégeaient pas du tout d’en haut. J’ai vu l’un d’eux diriger, à un moment, son arme vers le haut, regarder quelques secondes, puis arroser à nouveau les couchés, sans doute après avoir reconnu des copains sur les balcons …
Bab-el-oued a été débloqué le 29 à 5 heures, soit après 7 jours d’isolement, Le beau-père d’un voisin de lit s’y est rendu rapidement, à son magasin, et il a recueilli quelques témoignages. -D’abord son magasin est cassé et pillé)-Armée et CRS ont essayé de se tenir hors du coup, même le contingent, qui fraternisait avec la population. Devant ce relâchement, les autorités ont envoyé les Gendarmes mobiles avec des blindés – Ceux-ci ont cassé et pillé les magasins, emportant les marchandises par sacs et valises (en particulier le Monoprix). Dans les appartements, ils ont cassé les meubles, volé tout ce qu’ils pouvaient emporter, argent, bijoux : aux propriétaires qui leur demandaient un récépissé, ils répondaient de le faire faire par les Chefs…. mais personne ne pouvait sortir. -Les Doyens des Facs Médecine-Sciences-Lettres ont été destitués pour avoir protesté contre ces procédés (mercredi 28/3).
Le résultat de la fusillade serait de environ 50 morts et 200 blessés. Ce chiffre peut paraître en discordance avec celui de 10 -15.000 que j’ai donné pour les manifestants, mais les rafales n’ont couché que la queue du cortège, les retardataires qui, comme moi, avaient retenu 15 heures pour heure du rassemblement – Heureusement la grosse masse des manifestants avait déjà passé le cordon n°2 depuis quelques minutes.
témoignage de J.L.SIBEN
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