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Bougniouéloss -buñuelos- de la Toussaint

Posté par lesamisdegg le 30 octobre 2019

Pour réaliser ce délicieux dessert, Il vous faudra farine, eau tiède, levure, sel, huile d’olive, et sucre en poudre.

Dans un saladier, délayez une poignée de levure dans un peu d’eau tiède avant de rajouter la farine et de pétrir le tout. Couvrir et laisser reposer 20 minutes. Façonner de petites couronnes.

 

bougniouéloss en friture

bougniouéloss en friture

 

Frire dans une belle poêle ou chauffe une huile abondante. Les bougniouéloss doivent être frits et dorés sur les deux faces.

Déposés dans le saladier garni de papier absorbant ils vont perdre l’excès d’huile. Saupoudrer  de sucre.

 

bougniouéloss

bougniouéloss

 

Ils se servent chauds, en compagnie d’un chocolat chaud ou d’un vin doux comme du Malaga.

 

 

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CONSTANTINE 13 octobre 1837 -assaut et prise de-

Posté par lesamisdegg le 13 octobre 2019

Ce jour-là est un vendredi 13. Quelques sapeurs du Génie qui doivent marcher à la tête des colonnes d’assaut en font en riant l’observation au Général FLEURY, qui leur répond: « Mauvais présage, en effet, mais ce sera tant pis pour les Musulmans. »

 

Constantine 13 10 1837

Constantine 13 10 1837

 

Après une vive préparation d’artillerie, à 7 heures du matin, par un temps magnifique, la charge commença à battre en tête de la première colonne et l’on vit s’élancer et escalader, sous le feu, les Zouaves ayant à leur tête le Colonel LAMORICIÈRE. Un drapeau tricolore est planté sur la brèche par le Capitaine GARDERENS, qui est blessé aussitôt. Dix minutes après l’arrivée sur la brèche de la première colonne, le Colonel COMBE part à son tour avec tout son monde.

13 10 1837 les colonnes à l'assaut

13 10 1837 les colonnes à l’assaut

 

13 10 1837 Lamoricière sur la breche

13 10 1837 Lamoricière sur la breche

 

 

 

 

 

 

 

A peine dans la ville, la fusillade éclate de toutes parts. On se perdait dans un dédale de rues tortueuses et de culs-de-sac. Les Turcs et les Kabyles tiraient presque à bout portant des maisons et des terrasses. Un détachement est arrêté par un passage couvert fermé par une épaisse porte en bois: on l’attaque à coups de hache et de crosses de fusil. On fait apporter des sacs de poudre par les sapeurs. On réussit à entrouvrir l’un des battants; les Arabes font, par l’ouverture, un feu de mousqueterie terrible qui couche plusieurs des nôtres. Mais les Arabes abandonnent bientôt la porte et, presque aussitôt, se produit une terrible explosion tuant, blessant ou brûlant les assaillants qui ont déjà commencé à se porter en avant. Environ 300 d’entre eux furent mis hors de combat. LAMORICIÈRE fut lui-même grièvement blessé et presque aveuglé.

Le Colonel COMBE, qui l’avait suivi avec la seconde colonne, reçut deux coups de feu. Après avoir donné ses derniers ordres, il refit lentement le chemin qu’il venait de parcourir, redescendit la brèche et revint dans la batterie rendre compte au Duc DE NEMOURS et au Général en Chef des péripéties du combat: « Ceux qui ne sont pas blessés « mortellement, dit-il en terminant, jouiront de ce « beau succès. — Mais vous êtes blessé, Colonel !, lui « dit le Duc. — Non, Monseigneur, je suis mort ! ». Il mourut, en effet, le lendemain.

Cette explosion avait provoqué un moment d’hésitation dans l’attaque. Mais de nouveaux renforts étant arrivés, le combat devient plus acharné. On enlève, une à une, les maisons d’où partent des feux meurtriers et on s’y installe de façon à pénétrer plus avant. Vers la droite, un détachement commandé par le Capitaine du Génie NIEL arrive en suivant le rempart la la porte d’El-Djabia, les sapeurs l’ouvrent et de nouvelles troupes pénètrent.

Quelques instants après, les Arabes capitulent. On donne l’ordre de cesser le feu et on occupe immédiatement la Casbah. La population affolée s’attendait à un carnage. Nombre de gens, de femmes surtout, essayèrent de se sauver par les ravins du Rummel et se tuèrent en tombant dans les précipices. Ce spectacle remplit d’horreur les vainqueurs eux-mêmes bien qu’ils fussent encore excités par la fureur du combat et l’ivresse de la victoire.

La résistance acharnée de Constantine fut aussi glorieuse que l’attaque. Les canonniers maures ou turcs furent tués sur leurs pièces après s’être défendus avec fureur: les casemates étaient remplies de corps mutilés que nos boulets y avaient amoncelés depuis cinq jours. Chaque habitant concourait à la défense des remparts; des femmes furent tuées les armes à la main et des juifs même faisaient, de gré ou de force, les corvées des batteries de la place. Peu de maisons restèrent intactes. Bien que l’incendie que nous comptions allumer avec nos bombes ou fusées incendiaires, n’eût causé à celles-ci que d’insignifiants dégâts, bon nombre furent ou percées ou lézardées par la commotion de nos projectiles.

A midi, le Général en Chef et le Duc DE NEMOURS firent leur entrée par la brèche. Ils se rendirent à la Casbah, au magnifique palais d’AHMED-BEY, puis à l’Hôpital des blessés qu’on installait en hâte dans l’ancienne maison du Khalifa.

Le 14 Octobre, les troupes qui avaient participé à l’assaut prirent leur casernement à Constantine et le reste de l’armée, consigné aux portes de la ville, demeura à ses bivouacs de la veille. Les approvisionnements pour les chevaux et les hommes regorgeaient dans les maisons maures, ils furent répartis par l’Intendance. Les Généraux commandant les brigades vinrent s’installer en ville et le Général en Chef, le Prince, ainsi que tout l’Etat-Major prirent possession du Palais du Bey. Une proclamation rassurante fut adressée aux habitants. L’entrée des mosquées était interdite aux soldats.

Le 15 Octobre, le Général VALÉE fit paraître un ordre du jour qui enjoignait aux habitants d’apporter, sans délai et sous peine de sanctions capitales, les armes et les munitions dont ils pouvaient être détenteurs. Un second ordre s’adressait aux troupes et les invitait à cesser immédiatement le pillage général dont la ville offrait déjà les traces.

Le 16 Octobre, le Duc DE NEMOURS, qui avait désiré témoigner sa satisfaction aux troupes pour leur belle conduite, les passa en revue sur le lieu même de l’attaque Le spectacle en fut la fois émouvant de simplicité et grandiose du fait de l’événement qu’il consacrait.

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Anisette , brochettes , kémia , merguez , bars et cafés d’Alger des années 30

Posté par lesamisdegg le 7 octobre 2019

Cafés d’Alger

Que l’on parcoure les venelles sombres et glissantes de la Casbah ou bien que la promenade conduise vers les grandes artères de la ville européenne, partout, les établissements où l’on boit sont emplis d’une clientèle nombreuse. Dès l’ouverture et jusqu’à ce que soit atteinte l’heure réglementaire où doivent être fermées les portes, un va-et-vient incessant anime ces lieux de façon d’autant plus étrange que les magasins voisins paraissent déserts.

Au café maure, le café des bons musulmans, turbans et chéchias se pressent en une houle étrange et presque silencieuse. Les indigènes, en effet vont au café davantage pour jouer aux dominos ou aux échecs que pour ingurgiter quelques liquides. Deux joueurs, ayant chacun une consommation, sont entourés par cinq ou six badauds se contentant de humer la vapeur odorante d’un thé à la menthe ou d’un « caoua » épais. L’intérêt du jeu semble les attirer davantage que la dégustation d’un liquide chaud. Le caouadji d’ailleurs trouve cela tout naturel et sait très bien attendre les commandes, sans les provoquer. Parfois même vient-il se pencher sur l’épaule d’un client pour juger de l’opportunité des coups joués. Avec les dominos, les échecs sont le jeu préféré des habitués des cafés maures. Soit que les joueurs se prélassent sur des nattes simplement étendues à terre et au bord desquelles s’alignent les chaussures, soit qu’ils utilisent des chaises branlantes ou des bancs en bois quelque peu noircis. Ils ont une qualité assez rare chez les joueurs européens : ils observent le silence le plus complet. On n’entend alors que le bruit mat des pions sur la table ou sur le damier aux carrés de bois en relief. Dans un coin, il n’est pas rare de voir un ou plusieurs vénérables vieillards paisiblement endormis ou rêvant au paradis d’Allah. Quelques yaouleds effrontés, profitant de la demi-obscurité du coin où se trouve la plonge, vident plusieurs fonds de verre et se sauvent, agiles, à travers les jambes des consommateurs. Dans un angle, rougeoie le feu de charbon sur lequel est posée la grande marmite de cuivre rouge qui reflète des lueurs infernales. L’air est quelque peu encombré d’une odeur sui generis particulière,  presque indéfinissable, mais où domine cependant un relent de suint tout à fait caractéristique. Aussi, lorsqu’on a déposé le minuscule verre louche où du thé brûlant vous a été servi pour une somme allant de dix à vingt-cinq centimes, est-on tout heureux de replonger dans l’air vicié de la rue et qui, cependant, semble bien plus léger aux poumons. Il y en a partout, de ces cafés maures ; quelques-uns sont de véritables caves où seule la fumeuse lueur d’un antique quinquet à pétrole essaie de percer les ténèbres. Mais, lorsqu’il fait beau temps, les clients désertent l’intérieur et, sans façon, s’installent sur le pas de la porte, forçant les passants à sauter, en plus des rigoles, une série de jambes étendues. Beaucoup de caouadjis, l’heure de la fermeture arrivée, transforment leur salle en dortoir. C’est là que vient alors se réfugier la pègre à laquelle, malheureusement pour elle, se mêle souvent un indicateur de la police. Mais ceci est autre chose…

 

café maure

café maure

 

Bab-el-Oued et Belcourt possèdent aussi d’innombrables cafés d’importances différentes, mais attirant les mauvais musulmans qui boivent de l’alcool. Ceux-ci d’ailleurs ne s’en cachent point et certains même en sont fiers :

—« Qu’est-ce qu’y boivent, les z’hom’ ?

—« L’aniset’ !! »

Et de grandes claques amicales sont appliquées de part et d’autre… en attendant que le couteau ou le pistolet ne soit sorti des poches.

Il est, dans le quartier de la Marine, un établissement au caractère tout à fait spécial et dont la clientèle est le plus souvent fournie par les bateaux de touristes : « Les bas-fonds ».Derrière un comptoir imposant, un nain, très connu à Alger et dénommé « Coco », verse à boire à la clientèle. La « kémia » abondante procure au palais une certaine irritation incitant à boire. Et puis de multiples attractions permettent à l’ingénieux barman en foulard rouge de garder sa clientèle chez lui un peu plus longtemps. Des boîtes à surprises, plus ou moins agréables, d’un goût pas toujours très raffiné, font lire ou effrayent les visiteurs. Dans un coin sombre brille le couperet d’une guillotine grandeur naturelle ; dans un autre, un squelette aux allures bizarres fait pousser des cris d’horreur aux femmes émotives et rire les farceurs. Les murs, sont tapissés d’une foule d’objets pour le moins bizarres et de provenances bien différentes. Il y a des têtes de chiens naturalisées, des crânes humains, de chiens, de lapins et autres animaux ; des poissons aux formes fantastiques voisinent avec des armes indigènes ; des bateaux miniatures enclos dans des bouteilles de tailles différentes sont suspendus entre un casque allemand et une courge sèche extraordinairement longue ; un véritable arsenal, des coquillages étranges, des peaux de fauves, s’étalent aux murs, dominés par une photo-charge de « Coco ». Un accordéoniste virtuose ne cesse de jouer valses, javas et tangos et l’atmosphère de ces lieux ressemble, sous l’éclairage au néon, à celle d’un bouge de la grande capitale. Le tube de gaz incandescent donne aux visages des reflets cadavériques, les couleurs sont irréelles et les liqueurs, de par ce sortilège, prennent des teintes inédites. « Les bas-fonds » sont d’ailleurs le seul établissement où l’on trouve des particularités étranges qui, avec le cordial accueil fait aux consommateurs, en font le succès mérité.

 

 

"Bas-fonds"

« Bas-fonds »

 

Quant aux cafés normaux, ceux où l’on déguste l’anisette, ils sont légion. Il en est de vastes et presque opulents, comme de tout petits et modestes. L’un de ces derniers, près de la place du Gouvernement, est une véritable bonbonnière où ne peuvent à la fois s’approcher du comptoir que quelques altérés. Et cependant, « Tout va bien » est l’enseigne de ce petit trou de rat où les consommateurs se remplacent sans cesse et sont accueillis le mieux du monde. Là encore, la fameuse « kémia » est extraordinairement variée et, pour les gosiers solides, d’un goût pimenté des plus parfaits.

Quant aux amateurs de brochettes, ils ont toujours satisfaction lorsqu’ils vont par exemple à « La saucisse à Michel » où l’acre et grasse fumée du foie grillé se mélange à la senteur d’anis. Ouvriers en cotte bleue et sandales, viennent déguster les merguez et les brochettes avec délices et sont heureux d’entendre les bruyantes exclamations qui couvrent les bruits de la rue.

—« Brochettes, jeune homme ? »

 

 

brochettes

brochettes

 

Le « jeune homme » est souvent assez âgé pour être le père du garçon, mais cela est sans importance. Ici, tout le monde est jeune parce que tout le monde parle haut, gesticule avec véhémence, rit à gorge déployée, entrechoque les verres avec un réel plaisir. Il arrive bien parfois que l’un des consommateurs ait la tête lourde de fumées d’alcool. Alors, on voit en ces lieux un « collègue » au bon cœur ramener l’égaré presque chez lui, le soigner, le rendre plus stable. Car, malgré, ou peut-être à cause des brochettes, de la «kémia» et des anisettes, ce n’est là qu’une réunion de braves gens au cœur généreux. Presque partout une guitare, une mandoline ou un accordéon égrènent, dans l’air fumeux, une chanson connue que fredonnent aussi quelques lèvres. Lorsque l’air est triste chacun baisse le ton et s’il est bien exécuté, il arrive que le silence s’établisse. Puis, dans la sébile, tendue par un enfant ou un aveugle, tombent les pièces de nickel. Enfin, on se sépare lorsque le garçon, sur un ton élevé s’écrie : « à la Chine ! » et fait tinter le plus fort possible le verre ébréché dans lequel il jette adroitement la monnaie du pourboire.

Dans le centre de la ville, les cafés ayant droit au qualificatif de « grands » voient défiler une clientèle différente. Le matin, les employées des grands magasins viennent rapidement ingurgiter un café crème, caquettent un instant et se sauvent en riant, non sans avoir coulé au petit jeune homme qui lit distraitement le journal, une œillade parfois provocante. Aux heures d’ouverture des magasins, c’est une foule jeune et rieuse qui s’entasse là, puis disparaît comme une volée de moineaux. A une table, de vieux messieurs, très- comme il faut, font une belotte muette, tandis qu’à leurs côtés, le marchand de sandwiches « tout chauds » joue au « tchik-tchik », le contenu de sa boîte blanche surmontée d’un tuyau de cheminée. C’est encore là que, profitant d’une encoignure sombre, les amoureux, par couples, jouissent de quelques instants heureux, négligeant de vider leur verre, enfoncés autant qu’ils le peuvent au creux des banquettes, ignorant ce qui se passe autour d’eux, mais inquiets de voir les aiguilles de la pendule aller beaucoup trop vite à leur gré. Seul, le marchand de « caoucaou sali », grâce à son insistance de mauvais goût, leur démontre qu’ils ne sont point seuls. Quelques jeux d’adresse ou de hasard retiennent encore des clients ayant en poche une certaine quantité de menue monnaie en trop.

Les brasseries sont vides aux heures intermédiaires de la journée et ne voient se garnir leurs tables qu’aux heures de l’apéritif ou du digestif. Des messieurs cossus et des dames à l’allure très digne, s’installent, montrant ostensiblement, qui un complet neuf, qui une fourrure de prix. Les verres sont plus grands et sont à peu près tous emplis de boissons aux teintes différentes, alors que jusqu’ici nous n’avions à peu près vu que la couleur laiteuse de l’anisette. Un orchestre en smoking, ou bien une troupe de russes, hommes et femmes, ou de viennoises, sont le point de mire de toute l’assistance, tandis que des garçons, ayant numéro à la boutonnière, tenue noire et tablier blanc, exécutent, avec un plateau chargé, de véritables tours d’équilibristes. La clientèle « chic » et les enragés de poker s’y donnent rendez-vous et constituent, en somme, la moyenne normale entre les habitués des cafés à anisette pure et ceux, plus relevés, ou se consomment d’autres boissons plus coûteuses pour le porte-monnaie et la santé.

 

 

bar chic

bar chic

 

Il est encore une catégorie de bars-brasseries fréquentés par une jeunesse dorée et, la plupart du temps, oisive. Alger en possède beaucoup par rapport à l’importance de la clientèle. Là, les jeunes personnes tenant à affirmer l’égalité absolue des droits de la femme et de ceux des mâles, viennent exhiber des jambes admirablement gainées de soie, des tailles bien prises, des bustes jeunes et très peu voilés. Ce sont, en général, de petites étudiantes (ou qui se font passer pour telles), heureuses d’aguicher quelques pauvres snobs ou les vieux messieurs décadents. Elles boivent avec assurance les cocktails qui leur sont offerts et jouent parfaitement les demi-vierges. Et de tout cela, il ne reste qu’une pile de sous-tasses à payer par le plus épris des grands dadais composant la cour officielle de ces petites reines, qui finiront tout bonnement dans la peau d’excellentes bourgeoises.

Il existe encore des cafés dont les tables sont le plus souvent transformées en bureau d’affaires et ceci malgré les louables efforts des hôteliers et limonadiers qui, trop corrects pour expulser ces indésirables, les supportent.

 

 

bureau d'affaires sous les  arcades

bureau d’affaires sous les arcades

 

Nombreuses sont aussi les brasseries que nous qualifierons de « mixtes », parce qu’elles sont en même temps le café où se trouvent non plus les petites jeunes filles dont nous parlions plus haut, mais d’autres personnes moins intéressantes, si ce n’est pour le vieux Monsieur à monocle ou le collégien en rupture d’internat. Demi-mûres, mûres ou blettes, parfumées à outrance, peintes comme l’est une carrosserie trop neuve d’auto, elles attendent, devant un verre de café au lait, l’âme charitable qui leur donnera peut-être l’illusion de revivre des temps à jamais révolus. Elles regardent d’un mauvais œil leurs concurrentes plus jeunes oui viennent parfois leur ôter, si l’on peut ainsi s’exprimer, le pain de la bouche. C’est surtout le soir, à la sortie des spectacles qu’elles font leur triste apparition, se blottissant dans le coin le plus sombre, mais demeurant quand même suffisamment visibles. Spectacle triste mais dont on se détache rapidement, grâce aux bruits divers des appareils à fabriquer le café, des verres choqués, des rires fusant au souvenir des passages comiques de la pièce que l’on vient d’entendre.

Et puis, pour terminer cette tournée des grands ducs, nous voici dans l’une de ces boîtes de nuit où se dégustent force cocktails, où les bouchons de Champagne rapportent cent sous aux entraîneuses ayant signé un contrat pour la somme de douze cents francs par mois. Atmosphère chargée de fumée de tabacs frelatés, de parfums, de transpiration. Bruits de rires qui sonnent faux et font mal au cœur, de voix éraillées, de jazz épileptique. Visions changeantes sous les éclairages divers d’épaules et de dos nus, de jambes gainées de soie, de visages de femmes, fatigués malgré le fard. Parfois, faisant tache au milieu de toutes ces pauvres filles l’une d’elles, moins exubérante, joue l’ingénue. Quelques vieux messieurs, échappés aux griffes Conjugales, se prélassent, très entourés, devant un seau à Champagne dont la bouteille est déjà vide. D’autres plus jeunes, dansent sans relâche, tandis que là-bas, une tête à favoris suit avec intérêt, sans trop se montrer, cependant, les évolutions chorégraphiques de la jolie brunette à l’air ingénu qui, enfin, a daigné accepter l’invitation à la danse. Tout à l’heure, lorsque, après quelques tangos, le danseur aura quitté sa cavalière pour un instant, celle-ci ira prudemment glisser quelques mots à l’oreille de la tête aux favoris qui disparaîtra presque aussitôt. Drôle de métier de part et d’autre : chercheuse et chercheur d’or… A deux heures, chacun passe au vestiaire. La tournée des grands ducs à Alger est finie.

 

 

boite de nuit

boite de nuit

 

Gérard Bessc.

 

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